Retrouvailles nocturnes.

J’avais choisis de passer par les ruelles de Florence pour rentrer chez moi. La forêt était toute proche d’ici, et je venais de rejoindre le centre depuis seulement très peu de temps. En cette période de Noël, on ne pouvait pas dire que la ville était sombre car un grand nombre de petites lumières éclairaient chaque rue, chaque place, reflétant la douce ambiance de cette fête. Mon esprit ne se portait pourtant pas à la fête, comme n’importe qui en ce moment. Avec la compagnie qui traquait n’importe qui de nos espèces pour ces expériences douteuses le quotidien n’était plus très sûr. Cependant, ce soir là, j’arrivais à m’évader un peu en repensant à mon dernier Noël en tant qu’humaine, et je souriais bêtement en revoyant la pile de cadeau accumulée au pied du sapin clignotant. Si j’arrivais à ‘positiver’ l’espace de quelques minutes, Julian en était sûrement la principale raison.
En effet, je venais de le quitter et je sentais encore sur mes lèvres le goût des siennes. J’étais comme une enfant le 24 au soir, impatiente que le jour se lève pour aller déballer mes cadeaux. Ce soir, j’aurais aimé avancer le temps pour déjà me rendre à mon rendez vous de demain avec celui que j’aimais.

Alors que j’atteignais le niveau de IL POMODORA BAR, mes narines m’annoncèrent quelqu’un derrière moi. Pendant quelques secondes je commençais presque à avoir peur, avant de vite me rendre compte qu’il n’y avait aucune raison. Et pour cause, il s’agissait d’Adrianno, quelqu’un que je considérais maintenant comme mon frère.
Je ralentissais ma marche et en un rien de temps il se retrouva à mes côtés, me demandant la raison de ma sortie nocturne. Je devais trouver une excuse potable, quelque chose sur quoi il ne puisse douter, car s’il avait sût avec qui je me trouvais il n’y a pas moins de vingt minutes, il m’aurait sûrement arraché la tête. Croyez moi ce n’est pas une expression, car c’est la seule façon de tuer un vampire. Certes voilà des propos peut-être un peu avancés, mais je ne doute pas qu’il ait du mal à avaler la nouvelle. Ajoutant à cela qu’il n’apprécie aucun lycans, et que parmi tous, Julian est sûrement celui qu’il voudrait voir mort.

▬ Oui, petite chasse. Et c’est l’cas d’le dire.

Lui répondis-je un sourire aux lèvres, montrant que mon repas de ce soir n’avait pas était suffisant.
J’espérais simplement que s’il revienne ‘lui aussi’ de chasser, il ne m’ait pas croisé dans la forêt. Mais son visage était trop serin pour me cacher quelque chose, et la forêt était bien assez grande pour tous, non ?

▬ Toi aussi on dirait. Je me trompe ?

Je reconnaissais son air détendu qu’il avait après avoir chassé. Les mains dans les poches, il était presque insouciant, bien que je sache que ce soit faux.

T'excuse pas, j'ai beaucoup aimé !

Je remerciais la chance qu’Adrianno n’ait pas la capacité de lire dans les pensées car il m’aurait immédiatement démasqué. Même sans ce pouvoir là, il arrivait à voir que j’avais la tête légèrement ailleurs. Comme je ne répondis pas immédiatement, il enchaina sur notre sujet premier, notre chasse nocturne. Malheureusement, et ca me faisait de la peine d’y penser encore, il n’était pas le seul à avoir assisté à la mort d’un des notre. Moi aussi il y a peu de temps, j’avais échappée de peu à leurs salles pattes, regardant une jeune vampire recevoir la balle des traqueurs.
Je baissais le regard et grognais, énervée contre ce que j’entendais.

▬ Je n’en peux plus d’entendre ca tous les jours. Chaque fois j’ai l’impression que l’étau se resserre sur moi.

Et c’était vrai. Cette fois je parlais en toute honnêteté, je me sentais oppressée. D’ici quelques secondes un de leurs agents pouvaient débarquer en plein milieu de la rue et nous avoir en un rien de temps. C’est pour cette raison que nous devions être sur nos gardes en permanence, et je commençais à m’épuiser. J’avais besoin de souffler et de retrouver cette vie où les vampires et le monde surnaturel n’était alors connu de personne, et où je menais une vie bien plus paisible.
Une minute de silence s’écoula avant que je ne reprenne la parole.

▬ Au final je préfère ne pas en parler, ca ne change rien et ca m’empoisonne la vie.

Voyant qu’il avait l’air plus ou moins d’accord avec moi, je cherchais quelque chose à ajouter. Je pensais à une chose en particulier mais je ne savais pas comment présenter par question. Lui aussi avait l’air bien pensif et j’avais une petite idée de ce qui courait dans son esprit. Pour être exacte, j’avais une idée de celle qui occupait ses pensées. En effet, l’existence d’Odessa m’était connue et je l’avais déjà aperçu. J’étais loin de la connaitre, et je ne lui avais même jamais adressé la parole, mais j’en avais entendu parler, pour sûr.
Adrianno et moi, avions une relation très particulière. Il nous arriver de parler des heures durant, à nous raconter les moindres détails de quoi que ce soit, apprendre à nous connaitre encore plus et à se rapprocher. Mais des fois nous étions presque gênés d’avoir à nous demander certaines choses, ou d’aborder tel et tel sujet.
Odessa était un sujet pas toujours abordable, mais que nous aurions pu creuser encore et encore. Je ne savais pas ce qui le turlupiné ce soir, mais je le sentais il s’agissait forcement d’elle.

▬ Et toi ? Tu ne veux pas parler de ce qui te préoccupe avec moi ? J’ai l’impression que je ne suis pas la seule à être pensive ce soir.

Voilà une bien jolie tournure que j’avais trouvé. Je n’étais pas connu pour mon franc parlé, j’avais l’habitude de toujours prendre des pincettes car je n’aimais pas brusquer les gens ou les obliger à me confier ce qu’ils avaient à confier. Mon frère savait bien que j’étais toujours une oreille attentive pour lui, mais si je pouvais le lui rappeler de temps en temps, il avait plus de facilité à cracher le morceau.